DE LA VILLE DE PARIS.
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Ville, jusques au nombre de centcinquante,portantz robbes my parties de rouge et bleu, les chausses de mesme, chacun tenant ung baston blanc en sa main, conduictz par deux sergentz de ladicte Ville à cheval, vestuz de robbes my parties de pareilles coulleurs, ayans sur les manches gaulches d'icelle ung navire d'argent, qui sont les armoiries de ladicte Ville'1'.
Soubz aultant de drappeaulx, marchoient les cent archers de ladicte Ville, de mesme ordonnance et pa­rure, portans chacun la couple de pistolles'à l'arçon de la selle.
A leur queue, estoient les cent arbalestriers, ainsi armez, conduictz et esquippez que les precedentz, ayant aussy chacun d'eux la couppie de pistolles à l'arçon de la selle.
Ces compagnies passées, marchoient les jeunes hommes , enffans des principaulx bourgeois et mar­chans de ladicte Ville, conduictz par le seigneur Desprez, leur cappitaine, le sr Mathieu Marcel et René Dolu, lieutenans, Nicolas Clairseillier et Pierre Le Lorrain, enseigne et guydon, habillez de casaques à manches pendantes de veloux rouge cramoisy, haulte couleur, si fort chamarrez de passemens, cor­dons et canetille d'argent '2', qu'il restoit bien peu de vuyde; couvertz de corps de cuyrasse soubz leurs casaques, desquelz, par les brassartz parroissans ri­chement gravez et dorez, se pouvoit considerer de quelle valleur pouvoit estre chacun de leurs harnois, dontl'armet etganteletz estoient porter, par ungpaige que chacun d'eulx avoient devant soy, excepté le cappitaine qui en avoit quatre, et les lieutenans, enseigne et guydon, chacun deux.
Ilz portoient chappeaulx de veloux noir, garniz de pennaches des couleurs du Roy, dont les cordons, faictz de grosses perles entremeslées de diamans, rubis etaullres pierres précieuses, estoient de valleur inestimable. Et n'y avoit celluy d'entre eulx qui ne feust monté sur cheval d'Espaigne, ou aultre beau cheva.1 de service, sur lesquelz ilz s'estoient exercez
quelque temps auparavant, en sorte qu'ilz estoient quasy tous dressez au galop, en rond, à toutes mains, à corbettez et à passades lesquelz ilz faisoient quel­que fois voltiger et pannader'3', mais de si bonne grace, qu'ilz se rendoient tousjours à leur rang et place. ( Voir planche VI. )
Le sellegiret et harnois de leur cheval estoient de mesme veloux cramoisy que leur casaque, cou-vers et enrichiz de canetille, cordon, passement/, et houppes d'argent'4'. Les pages des cappitaines, lieu­tenans, enseignes et guydons estoient montez et vestuz de mesme parure ou peu près que leurs mais­tres, portans leurs equippages cy devant transcriptz. Toute laquelle trouppequi estoit au nombre de cent hommes à cheval, en fort bon equipaige, comme dict est, s'estoit assemblée à Sainct Martin des Champs, duquel lieu ilz vindrent devant l'Hostel de la Ville, pour marcher en l'ordre qui leur seroict ordonné par mesdiclz sieurs les Prevost des Marchans et Eschevins, ayans'leurs trompettes et clairons devant eulx. Et après qu'ilz eurent faict la reverence à mesd. sieurs, qui estoient prestz à les recepvoir, furent mis à la queue des Enffans d'icelle Ville, pour estre les plus proches du corps de la Ville.
Et marchans les dessusdietz, furent suyviz par les maistres des œuvres de charpenterie, massonnerie et cappitaine de l'arlillerye d'icelle Ville, aussy à cheval, vestuz de casaques de veloux noir, passe-mentées d'argent, et pourpoinetz de satin rouge cra­moisy'5', marchant eulx trois d'ung rang.
Et consecutivement huict sergens de lad.Ville à cheval, vestuz de pareilles robbes my parties, étayant chacun une navire d'argent sur l'espaule gaulche, comme les deux precedens, desquelz est cy devant faict mention.
Après eulx, marchoit 111e Claude Marcel, Prevost des Marchans, ayant une robbe my partie de veloux rouge cramoisy brun et veloux tanné, fourrée d'une
(l) Dans B, ce paragraphe ne vient qu'après les deux suivants. Il précède immédiatement le paragraphe : s Ces compagnies. . . n Dans l'imprimé, au contraire, il est placé entre les deux paragraphes : r. Ceste compagnie. . . - et «Après eulx.. . -.
<2' Cannelille, petite tresse qui servait à chamarrer ou broder les habits.
(3) Ce mot était encore en usage au xvii' siècle, dans le style familier, avec le sens de se pavaner.
<*' Après ces mois - houppes d'argent-, on lit dans l'imprimé : «dont le surplus des singularitez se peult considerer par le poiirlraict qui en est icy representé n (fol. 41 r°). Eg effet la g ° gravure du volume représente le portrait équestre d'un enfant de Paris, costumé pour la cavalcade de l'entrée du Roi (fol. 42 r°). C'est la gravure reproduite ci-contre (planche Vl). La suite de l'alinéa : «Les pages des capitaines. . . proches du corps de la Cille- a été omise à l'impression.
(5' A l'entrée de Henri II, ils portaient un pourpoint de satin blanc. (Registres, t. IlI, p. 166.)
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